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KAITLIN
KRAEMER

La nature est parfois bien trompeuse.
Derrière un ciel serein peut se cacher une terrible tempête,
lorsqu’une mer d’huile n’annonce pas encore une lame de fond.

Il en est des éléments comme il en est des individus : changeants, contradictoires et toujours si complexes. C’est fort de son parcours artistique multiple et d’une vie personnelle ponctuée de moments aussi tristes que joyeux, que l’artiste américaine Kaitlin Kraemer nous livre une œuvre contrastée et profonde.

“... La vague à l’âme bleue !.…”

Après un cursus aux beaux-arts à Boston, elle entame une carrière de peintre amateur en parallèle d’une vie maritale et professionnelle rangée. Lassée de ce conformisme personnel aussi bien qu’artistique, elle « rompt les chaînes », reprend son indépendance et son parcours artistique pour enfin se retrouver. La peinture figurative, et surtout les paysages constituent alors l’essentiel de son travail.

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Puis, c’est au cours d’un séjour à Aix-en-Provence, où elle peaufine son cursus, qu’elle a une double révélation. Celle de l’impressionnisme tout d’abord : la lumière, les couleurs, l’abstraction et surtout la vision de la nature bien plus que sa reproduction. Les impressionnistes deviennent alors son » peuple » sa « communauté » de pensée. Une adhésion spirituelle et charnelle à ce mouvement artistique qui désormais devient sa seule raison d‘être. Mais, alors qu’elle retrouve confiance en elle et pense avoir trouver sa voie, une nouvelle contradiction se présente à elle : ses pairs ne lui témoignent pas la reconnaissance qu’elle attendait. Le calme laisse alors de nouveau place à la tempête. L’incompréhension jumelée à la frustration la conduisent à rompre les chaînes une deuxième fois. C’est alors que surgit la seconde révélation. Ce qu’elle aime chez les impressionnistes ce n’est pas leur composition mais leur vision de la nature. Il lui est alors évident qu’il lui faut peindre sa perception des choses et livrer son interprétation du monde qui l’entoure.

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La rage et la colère donnent naissance à des toiles abstraites dans lesquelles il y est inévitable de trouver du sens. Les traces irrégulières de couleur, laissent apparaître des fenêtres dans lesquelles un monde inversé est présent. Comme les deux faces inextricables d’une même réalité. Des yeux qui nous regardent, des ouvertures sur l’extérieur (ou l’intérieur), un style pictural qui nous renvoie à un perpétuel questionnement : création ou destruction, tranquillité ou tumulte, force ou fragilité… Des toiles aux multiples interprétations qui ne laissent pas sans réflexion au-delà de l’émotion qu’elles procurent.

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Une ambivalence entre beauté et chaos que Kaitlin Kraemer exprime également dans son travail sur le cuivre. Doré mais rugueux, le matériau est nimbé d’un bleu changeant qui donne sans cesse vie à l’œuvre. Des toiles abstraites… ou habitées. En effet, la couleur laisse apparaître de temps en temps un personnage énigmatique. Figure enfantine portant une fleur que l’on avait déjà croisé dans les toiles précédentes. De couleurs or, ils surgissent de la matière en ami ou en ennemi, personnage récurrent inquiétant ou rassurant.

L’œuvre de Kaitlin Kraemer est un réel parcours d’artiste forgé de moments d’intenses passions et de douleurs désarmantes. Des souffrances dont l’artiste dit elle –même avoir tiré le meilleur de son être. Des échecs dont elle se félicite car ils lui ont montré que du chaos peut aussi exister la beauté. Une voie à dominante azurée, comme la vague (à l’âme) bleue de Kaitlin Kraemer.

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